Président du groupe des associés d’hommes d’affaires Guinéo-Turques et médiateur culturel au ministère de la culture Belge, Ibrahima Timbo Bah est parmi ces promoteurs qui contribuent au rayonnement de la culture guinéenne en Europe. Initiateur de 2 grands rendez-vous culturels guinéens en Belgique dont le Festival International Peul et le Festival du Film Guinéen, il se bat depuis 2003 pour promouvoir et vendre la culture de chez lui dans un continent ou les traditions guinéennes sont parfois méconnues du grand public. En Guinée pour la dédicace de l’album ‘’Saboumodjo’’ de Fatou Linsan Barry, nous l’avons rencontré pour parler de ses activités et de ses ambitions pour la culture guinéenne. Lisez plutôt !
V.J : Vous organisez depuis quelques années le Festival International Peul en Belgique. De quoi s’agit-il concrètement ?
I.T.B : Le Festival International Peul est une manifestation culturelle mobilisant chaque année au moins cinq mille personnes venant de la Guinée, de l’Afrique de l’ouest et centrale, du Cameroun, du Nigeria et autres pays de l’Afrique. Cette rencontre annuelle est devenue pour de nombreuses familles Peules résidants en Europe une occasion de découvrir à Bruxelles leurs cultures traditionnelles. Le Festival International Peul permet de valoriser davantage notre culture et de vendre celle-ci à travers le monde entier. Durant le Festival, nombreux sont ces artistes qui de par leurs talents, émerveillent le public festivalier en présence de nombreuses personnalités du pays hôte et des autres pays concernés tels que Abdoulaye Wade du Sénégal en 2008 et Amadou Toumani Touré du Mali en 2009.
V.J : Quels sont les impacts de ce festival sur le terrain ?
I.T.B : Après plusieurs éditions, nous devons admettre que la communauté Belge et même celles de plusieurs autres pays sont imprégnées de la culture guinéenne dans toute sa diversité. Le Festival International Peul a permis à des familles de se reconnaitre à travers la culture. Les enfants quant à eux découvrent, la première fois pour certains, la culture de leurs parents.
Au fil des ans, le festival est devenu un rendez-vous incontournable pour les enfants nés en Europe. Il permet aussi à la diaspora de s’exprimer librement dans la langue Peule dans un confort total et une aisance plus que parfaite.
V.J : Peut-on s’attendre un jour à une délocalisation de ce festival dans d’autres pays d4Europe où la communauté peule est fortement représentée ?
I.T.B : Oui nous y pensons. Mais je dois dire que l’organisation du Festival International Peul coûte très cher. Le gouvernement Belge, Walon, Flamand et Fédéral participe à hauteur 70%. Donc, le coût élevé pour son organisation est un facteur qui nous empêche de délocaliser le festival pour le moment dans d’autres pays comme l’Espagne et la France qui ont une forte présence de la communauté peule. Je rappelle qu’en 2011, j’avais proposé que le festival se déroule en Guinée malgré le coût exorbitant. Malheureusement, sur le milliard de Francs Guinéens que cela allait couter, seuls sept cent millions avaient été obtenus.
V.J : Pour ce qui est du festival de film guinéen en Belgique, quel est son objectif ?
I.T.B : Comme vous le savez, le cinéma guinéen a pris beaucoup plus d’ampleur d’abord en Guinée et à l’étranger avec l’implication des jeunes qui s’y mettent sérieusement. Voyant donc l’importance que la diaspora guinéenne accorde à cela, je me suis dit pourquoi ne pas aider ces jeunes en valorisant ces films au niveau international afin que cela ne reste pas seulement coincé en Guinée. A partir de là, je me suis décidé de choisir chaque année un bon film venant de la Guinée et un cinéaste guinéen qui viendra en Belgique défendre son projet et son film. Depuis 2009, nous avançons dans cette optique malgré qu’il y’a toujours des problèmes de qualité, de son et de lumière avec les films venus de la Guinée. De l’autre côté, grâce aux différents films qui sont produits en Guinée, les auteurs sont conviés lors de la cérémonie pour défendre et vendre leurs produits.
Le but donc de ce festival est de faire connaitre les films et les professionnels du cinéma guinéen à l’extérieur.
V.J : Opérateur culturel que vous êtes, comment collaborez-vous avec les promoteurs culturels guinéens ?
I.T.B : J’ai conscience que chacun vit de ce qu’il fait dans le domaine qu’il exerce. J’ai souvent évité de me mêler dans les affaires internes entre artistes, musiciens et promoteurs locaux. J’attends toujours le produit final pour le mettre en valeur sur le plan international. Ce qui me permet d’aider des artistes à gagner leur vie grâce à leurs œuvres artistiques.
V.J : Des projets culturels à court terme en perspective pour la Guinée ?
I.T.B : Je compte revenir en Guinée pour mettre en place une entreprise culturelle. Je ne viens pas pour faire peur à X ou à Y. Mon projet est spécifique et à la longue, il permettra à ceux qui travailleront avec moi de vivre du fruit de leur travail. Pour cela, il faudra créer des conditions idoines qui permettront aux artistes et aux cinéastes guinéens de vivre du fruit de leurs produits.
V.J : Un mot à l’endroit des artistes et promoteurs culturels guinéens ?
I.T.B : Disons que j’ai été impressionné par le talent des jeunes qui, malheureusement n’ont pas de soutien pour valoriser leurs potentiels. Je demande aux promoteurs culturels locaux d’essayer de trouver des solutions pour dénicher ces talents cachés. Ils ont la capacité et le talent en eux, il suffit juste de les appuyer et le reste ira de mieux. Aux jeunes artistes, de ne pas baisser les bras malgré les conditions difficiles. Ils doivent faire face à la sous-région ou à l’extérieur. Durant mon séjour, j’ai détecté 3 artistes à qui j’ai promis un soutien.
Entretien réalisé par Amadou 2 Barry
Visionjeunes.com