En marge de la 6ème édition du festival des musiques urbaines Manifest qui se tiendra du 21 au 27 avril prochain à Conakry, la structure Benedi Records s’active sur le terrain pour l’effectivité de ce rendez-vous de la culture en Guinée. Interrogé par notre rédaction sur les couleurs de cette édition, Mohamed Ibn Abdallah Oularé alias ‘’Beni’’ PDG de la structure organisatrice nous a fait savoir que son objectif premier est de créer une rencontre ou se côtoieront artistes et hommes de culture pour le rayonnement de la musique urbaine guinéenne à l’international. Sans équivoques, il aborde également des difficultés liées au manque d’accompagnement des sponsors et principalement de l’Etat qui selon lui ne fait pas grand-chose dans ce sens. Lisez plutôt !
Particularité et innovations de cette 6ème édition…
Avec un air assez décontracté, le PDG de la structure Benedi Records a présenté cette 6ème édition comme une rencontre assez significative pour les artistes et acteurs culturels guinéens.
« En fonction de l’expérience que j’ai vécu en prenant part à de grands festivals à travers le monde, on a décidé d’élargir les activités du festival sur une durée d’une semaine. L’édition de cette année reste celle sur laquelle nous avons le plus travailler car partout ou on dépose le dossier, on bénéficie d’une grande attention compte tenu de la qualité du projet. Avec les formations, les défilés de mode, la danse, la comédie, la musique urbaine, la musique populaire, le reggae et le dance hall, la semaine reste très colorée de telle sorte que chacun s’y retrouve. Nous allons donc lancer les activités avec une conférence de presse, et ensuite organiser des concerts off dans les cinq communes de la capitale, on installera parallèlement le village du festival à la plage rogbané qui abritera les expositions, les rencontres professionnelles avant de céder la place chaque soir à une autre scène de spectacles pour les artistes locaux. La grosse innovation de cette 6ème édition est le fait de faire venir les opérateurs culturels et les directeurs de festivals de la sous région afin qu’on puisse avoir un retour après l’événement. Cela permettra à nos artistes d’être repérés pour des événements de taille et de se faire connaitre ailleurs. »
Une programmation assez riche et colorée…
Evoquant le volet programmation, Beni précise que son équipe et lui ont non seulement fait en sorte que chaque spectateur y trouve son gout dans les différentes activités du festival mais aussi que les artistes et participants puissent en profiter chacun de son coté.
« Nous avons déjà une bonne partie des artistes leaders de la musique urbaine guinéenne. Coté tête d’affiche internationale, Daddy Mory de la France et Cali p de la Jamaïque seront de la partie. En plus de l’aspect spectacle, nous avons aussi des séries de formation en ingénierie de son qui seront assurées par l’ingénieur de Coumba Gaoulo, des formations en danse contemporaine qui seront données par les danseurs professionnels de l’ensemble Koteba et un maitre chorégraphe qui viendra d’Abidjan, et aussi une formation en écriture de texte. Il faut signaler qu’au terme de la formation en danse, une fusion de danseurs présentera à travers une journée spéciale un mélange de danse hip hop et contemporaine le 25 avril puis le jour de la clôture dans une chorégraphie dénommée la danse nationale qui regroupe 2 danseurs de chaque groupe pour en faire un groupe commun. »
L’appel au gouvernement…
Plus loin, Mohamed Ibn Oularé fustige l’indifférence des dirigeants qui selon lui devraient s’impliquer véritablement dans l’organisation des événements qui contribuent à la promotion de la culture guinéenne.
« Jusque là, j’organise ce festival sur fond propre en plus de l’accompagnement de quelques partenaires et sponsors qui parfois même peinent à me suivre. Pour preuve, sur un budget de plus d’un milliard quatre cents millions de francs guinéens je n’ai signé aucun protocole d’accord avec un partenaire ou un sponsor que ce soit sur le projet. Mais pourquoi pas l’implication de l’Etat vu que l’événement vend la culture guinéenne ? Je demande au gouvernement de s’impliquer dans nos activités car cela contribuerait à donner une belle image à la culture guinéenne. Cette implication peut être morale ou matérielle à défaut de l’accompagnement financière. »
Des mesures préventives contre l’épidémie d’Ebola …
A la question de savoir s’il ne craint pas que l’épidémie d’Ebola joue en défaveur de la tenue de l’événement, l’homme se montre plutôt optimiste en indiquant que toutes les dispositions seront prises pour la réalisation du Festival.
« J’ai des partenaires qui m’ont demandés de reporter le festival compte tenu de l’épidémie qui sévit actuellement dans le pays. J’ai répondu que je ne pouvais pas prendre cette décision tout seul vu que je travaille avec d’autres partenaires et sponsors. Alors pour ne pas faire paniquer la population, nous allons prendre toutes les dispositions préventives les jours du festival afin de faire respecter un certain nombre de règle d’hygiène. »
Le cri du cœur…
Pour son mot de la fin, Beni a préféré lancer un appel à une forte mobilisation pour soutenir la culture dans le but de promouvoir ce secteur de développement non négligeable.
« Merci à tous les partenaires qui commencent déjà à se bouger pour la réalisation de cette 6ème édition. Je rappel que le combat à mener n’est pas seulement pour mon propre intérêt mais plutôt pour la Guinée tout entière parce qu’il ya beaucoup de medias internationaux qui prendront part à ce rendez-vous et il y aura forcement le retour dans les autres pays avec la participation des professionnels étrangers. Il faudrait que tout le monde s’implique pour faire grandir ce festival ainsi que les autres existants déjà sur le terrain. L’Etat devrait faire face à cette question en subventionnant financièrement, matériellement ou moralement ce genre d’événements afin qu’il y ait un véritable poids derrière ces manifestations qui regroupent du beau monde autour du sujet culture et qui dans l’ensemble vendent l’image de la Guinée. »
Entretien réalisé par Amadou 2 Barry et Mouctar Telly Diallo
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