Jusqu’à présent, en studio, Mamani Keïta s’était toujours illustrée en binôme afro-électro, au point d’en faire presque une marque de fabrique. Mais pour son quatrième album baptisé Kanou, la chanteuse malienne prend les commandes et emprunte une voie acoustique.
On pourrait voir à travers Kanou, une nouvelle étape dans la carrière de Mamani, la fin d’un apprentissage, une démarche d’émancipation artistique que la chanteuse, abonnée aux projets à plusieurs, effectue aujourd’hui parce qu’elle se sent enfin prête.
En guise de décryptage, l’intéressée voit les choses bien plus simplement : si son premier album sous son nom ne sort que maintenant, c’est parce que les propositions se sont enchaînées depuisElectro Bamako avec Marc Minelli, en 2002, et que ces expériences ont satisfait sa soif de combiner, parfois même confronter, la musique malienne à d’autres styles.
Elle avait d’ailleurs continué dans cette direction après Gagner l’argent français, son second album avec le Français Nicolas Repac, en prenant part à l’album Sing Twice ! du pianiste belge Eric Legnini, et en poursuivant l’aventure avec lui sur de nombreuses scènes l’an dernier.
Dans la réflexion préliminaire qu’elle a menée pour ce nouveau projet, Mamani a intégré un autre critère, pragmatique : s’entourer d’une équipe réduite, afin de limiter les contraintes économiques et pouvoir davantage défendre ses chansons sur scène.
Autour d’elle, un ngoni, des percussions, et la guitare. Celle de l’incontournable Diely Moussa Kouyaté, son compatriote souvent vu aux côtés deSalif Keita, et qui fait figure de sparring partner de Mamani, tant elle a pris l’habitude de travailler avec lui.
Ils ont gardé la même méthodologie : elle a apporté ses chansons, parfois dictées par l’actualité à l’image de Dounia, en réaction à la crise que son pays a traversée, et ils ont commencé à les mettre en forme, avant de les finaliser sous la houlette de Marc-Antoine Moreau, artisan du succès d’Amadou et Mariam.
Le réalisateur expérimenté a agi avec une rapidité très appréciée par la chanteuse. Le registre, plus conventionnel, donne à la voix de Mamani un autre espace pour s’exprimer, sans chercher à trop en faire. Comme si tout cela était d’abord instinctif, naturel.Ils ont gardé la même méthodologie : elle a apporté ses chansons, parfois dictées par l’actualité à l’image de Dounia, en réaction à la crise que son pays a traversée, et ils ont commencé à les mettre en forme, avant de les finaliser sous la houlette de Marc-Antoine Moreau, artisan du succès d’Amadou et Mariam.
Rfi Muisque